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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/285

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moment ! Non, je ne l’oublierai jamais. Une Amie de ma Mère, avertie par notre ſervante, vint nous enlever de ce fatal appartement. Dès que Miſtreſs Sidney vit ſon intention, elle ſe jeta ſur le corps de l’infortuné Murwell, où elle reſta ſans ſentiment. On l’en arracha, & l’on nous conduiſit chez l’Amie dont je viens de vous parler. Quand ma Mère revint à elle, on lui trouva une groſſe fièvre, & tous les ſymptômes de la folie ; elle rioit & pleuroit dans le même quart-d’heure, puis elle redemandoit Murwell ; ce délire dura ſix ſemaines. Enfin la raiſon lui revint ; mais elle étoit très-mal, elle voulut qu’on la laiſſat ſeule. — Il faut, ma chère Fille, nous dire un éternel adieu, cette ſéparation eſt bien pénible. Écoutez-moi, Sophie, il me reſte une cruelle confidence à vous faire ; mais je vous dois l’explication de ma conduite depuis un an, c’eſt à dire, depuis l’inſtant où nous avons connu Murwell : voilà l’époque de nos malheurs. Ainſi que vous, je l’aimois ; votre amour mutuel me rendit la plus malheureuſe des Femmes ; de là le changement de mon caractère ; votre union, que je ne