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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/322

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LXXIVme LETTRE.

Émilie Ridge,
à Anna Rose-Tree ;
à Break-of-Day.

Vous le voulez ; eh bien ! mon Amie, il faut vous avouer toute ma foibleſſe. Mylord Clemency ne m’eſt point indifférent : je l’aime, il ne m’eſt plus permis d’en douter, c’eſt votre Lettre qui m’a ouvert les yeux ; elle m’a fait naître des ſoupçons qui me déſeſpèrent. Je crois, comme vous, qu’il a dans le cœur une forte inclination. Ah ! comme je voudrois ſurprendre ſon ſecret ! mais il fuit toutes les occaſions de m’entretenir ſeule. Hier encore, Mylady nous avoit laiſſés dans le ſalon ; Clemency ſe lève auſſi-tôt ; il avoit l’air embarraſſé. Il s’approche de moi, s’aſſied à mes côtés, ouvre pluſieurs fois la bouche ſans proférer un mot. Je le crois indiſpoſé, & je m’informe avec ſoin de l’état de ſa ſanté. Sans me répondre, il ſaiſit ma main, la baiſe, & ſort avec précipitation. Quelle étrange conduite ! Que lui ai-je fait pour me traiter auſſi cruellement ? Ne me