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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/344

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LXXXIme LETTRE.

Anna Rose-Tree,
à Émilie Ridge ;
à Saint-Germain-en-Laye.

Je vous fais mon compliment de bien bon cœur, ma chère, ſur l’heureux mariage que vous allez contracter ; puiſſiez-vous jouir éternellement d’une félicité que vous méritez à plus d’un titre. Votre dernière Lettre m’a fait éprouver une joie que je ne connoiſſois plus depuis long-temps ; vous voilà au comble de vos vœux, les plaiſirs vous ſuivront ſans ceſſe. Adorée de votre Époux, chérie de vos Amies, aimée de vos connoiſſances, eſtimée de tout le monde, il ne vous reſte pas un déſir à former : le ſort vous a ſervie ſelon les miens, il a rempli mes intentions ; je ne puis trop le remercier pour un pareil bienfait.

Ma poſition, Émilie, eſt abſolument contraire à la vôtre ; je n’enviſage dans l’avenir qu’une continuité de peines ; toujours en guerre avec moi-même, toujours dévorée des feux que mon devoir & la raiſon réprou-