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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/378

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déjà marqué, loge dans notre hôtel) ; à onze heures elle vint me retrouver, elle étoit occupée à me conſoler du chagrin que me cauſoit l’indifférence de mon Époux, lorſque nous entendîmes du bruit dans la cour ; je me précipite ſur l’eſcalier, j’apperçois Mylord pâle, couvert de ſang, qui montoit en ſe ſoutenant ſur ſon Valet-de-Chambre ; Mylady, qui m’avoit ſuivie, jeta un cri que le mien avoit devancé. — Ma Mère, dit mon Époux, faites éloigner cette Femme. Je me jette à ſes genoux. — Rentrez, ma chère Fille, me dit Mylady, je vais revenir vous joindre. Il me fut impoſſible de quitter la poſition où j’étois, Mylord paſſa à côté de moi ſans me regarder & gagna ſa chambre. Ma tête étoit tombée ſur les marches, & je gémiſſois ſans ſonger à me relever ; une des Femmes de Mylady me força à abandonner la place où j’étois, je me laiſſai conduire dans le ſalon. Je ne puis vous peindre mon état, ma chère Anna, jamais je n’en éprouverai un auſſi terrible.

Mylady fut deux heures abſente, ou pour mieux dire deux ans ; enfin, elle reparut. — Mon Fils eſt furieux, ma chère Émilie, il n’a voulu entrer dans aucun détail, ma vue