Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/380

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point coupable, qu’il ſe laiſſoit ſéduire par les apparences, qu’on lui en impoſoit. — Je ne m’en rapporte qu’à moi, a-t-il répondu, j’ai vu, je ſuis convaincu de mon malheur ; plus je l’ai aimée, plus je dois la haïr. Mon parti eſt pris, rien ne me feroit changer. — Mais, a repris Mylady, on ne condamne pas les gens ſans les entendre, je vous répète qu’on vous trompe. — Ne vous ai-je pas dit, ma Mère, que j’ai vu : Pardonnez, mais j’ai beſoin de repos. — Je vous laiſſe, mon Fils, cependant je vous préviens que je veux avoir avec vous une longue converſation. — Vous ſerez toujours la Maîtreſſe.

Ma Belle-mère eſt venue me rendre ce cruel entretien, & je me hâte de vous faire part de tous mes chagrins. Il me hait ! Ah ! mon Amie, je ne puis ſupporter cette terrible idée ; il me hait, & je l’aime malgré ſes injuſtices. Le Ciel ne m’enverra-t-il pas les moyens de me juſtifier. D’heure en heure je vais dans ſon antichambre pour ſavoir des nouvelles de ſa ſanté ; il n’a point encore levé l’ordre barbare qui m’éloigne de ſa préſence. Mon ſort eſt bien digne de pitié ; quand changera-t-il ? Je ſuis d’un chagrin qui en cauſeroit un véritable à votre