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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/414

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tence, je devins l’objet du mépris général. Je n’avois pas mangé depuis deux jours, & me mourois de faim, lorſque je pris le parti de m’adreſſer à une Fille avec qui j’avois été très-liée. Je me rendis chez elle ; dès l’antichambre, je jugeai de la réception qu’on me feroit dans l’appartement : Après deux heures d’attente, on me dit d’entrer. Miſs William (c’étoit le nom de la Fille dont je venois implorer l’aſſiſtance) me reçut avec un balancement de tête. — Que voulez-vous ? qui êtes-vous ? — Je viens vous faire part de mes beſoins preſſans. Je me nomme Staal, vous ne me connoiſſez donc pas ? — Non, aſſurément : Patty, donne un ſcheling à cette pauvre Femme. Allez, ma Bonne, je ſuis fâchée de ne pouvoir faire mieux. J’étois ſur le point de lui jeter ſa pièce au viſage ; mais la faim qui me dévoroit, arrêta mon premier mouvement. Je me retirai la mort dans le cœur. En traverſant l’appartement, je vis trois hommes inſiſter pour qu’on les conduiſit à Miſs William : je jugeois mal de leur figure, & je m’arrêtai ſur l’eſcalier pour contenter ma curioſité. J’entendis beaucoup de bruit ; & peu de temps après les trois