Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/418

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voit paru très-épris de mes charmes ; mais j’étois avec lui de la plus grande réſerve, & le conduiſis au point de me propoſer de m’épouſer ; c’étoit où je l’attendois. Ma conduite avec le Maître avoit eu des ſuites qui ne devoient pas tarder à ſe manifeſter aux yeux du Valet : ce n’étoit pas le cas de faire des difficultés : en huit jours le mariage ſe fit. Il eſt rare qu’un Homme ait rien de caché pour une Femme qu’il aime. Bientôt Anger m’inſtruiſit des affaires de ſon Maître, je ſus qu’il ſe nommoit le Chevalier Roſe-Tree ; que conſeillé par une malheureuſe Fille de joie, nommée Miſs Aſtrea, il avoit fait éprouver à Lady Roſe-Tree, Femme charmante, les traitemens les plus affreux ; que les Parens de cette dernière avoient obtenu un ordre pour faire enfermer Miſs Aſtrea ; que le Chevalier en avoit été inſtruit trop tard pour l’empêcher, & qu’imaginant que ſon Épouſe avoit trempé dans cette affaire, il étoit rentré chez lui, & l’avoit criblée de coups ; qu’effrayé lui-même de ſon action, il étoit ſorti de chez lui au déſeſpoir ; que le haſard l’avoit conduit, lui, Anger, dans un Café voiſin de leur demeure, où il avoit trouvé ſon Maître