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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/417

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voulut, & je lui tins parole. Avant midi il amena la Perſonne donc il m’avoit parlé. Je vis un Jeune-homme d’une figure extrêmement agréable ; il prit poſſeſſion de la chambre la plus propre, en me faiſant des excuſes de me déranger. Je propoſai à Anger de faire la cuiſine, afin d’éviter qu’aucun étranger eut accès chez nous ; on fut enchanté de mon offre, & on l’accepta.

Anger ſortit à l’iſſue du dîner ; mon nouveau Compagnon, qui étoit fort triſte, ſe dérida en l’abſence d’Anger, il me fit des déclarations ; je n’étois accoutumée à rebuter perſonne, à plus forte raiſon, un Cavalier auſſi aimable ; la fin du Roman fut remiſe au lendemain, & nous nous promîmes réciproquement de cacher notre intelligence à Anger, qu’il me dit être ſon Valet-de-Chambre. Au retour de ce dernier, nous jouâmes parfaitement bien notre rôle ; il n’eut aucuns ſoupçons. Le lendemain arriva ; Anger fut encore en ville par les ordres de ſon Maître. Dans la journée je dégageai ma parole, & pendant ſix ſemaines nous vécûmes de la même manière : ma conquête n’eut point à ſe plaindre de mes rigueurs. Dans cet intervalle, Anger m’a-