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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/436

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Voilà l’aiguillon & l’excuſe de ma brutalité. Je cours chez moi ; j’entre chez ma Femme, elle m’attendoit tenant ma Fille dans ſes bras,[1]

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En quittant Londres, je me ſuis rendu en Eſpagne ; bientôt mes remords me conduiſirent ailleurs. J’ai parcouru pendant ſeize ans l’Italie, la Ruſſie, la Pologne, la Suède, le Danemarck, la Hollande, & vins enſuite en France. La vie retirée que je voulois mener ne me permit pas de reſter à Paris, la joie des autres étoit un tourment pour moi ; je préférois Saint-Germain à cauſe de l’air & de la poſſibilité d’être ignoré. Le haſard ou plutôt le bonheur qui ſembloit m’avoir abandonné, me procura la connoiſſance de Mylady Clemency ; je vis la charmante Alexandrine & l’aimai ; ma paſſion fut ſi vive, que j’oubliai preſque les chagrins qui me dévoroient depuis un temps conſidérable. Le délire de l’amour m’auroit fait parler, un retour de raiſon m’impoſa ſilence. Ma première Femme a été ſi malheureu-

  1. Le Chevalier Roſe-Tree fait ici les détails rapportés dans la Lettre XXIIIme d’Anna Roſe-Tree à Émilie Ridge, & dans la Lettre CVme de Staal Anger à Mylady Ridge.