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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/437

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ſe, me ſuis-je dit ! Je ſuis changé ſans doute, & je ſuis ſûr de faire le bonheur de Mademoiſelle Dubois ; mais ſi par une ſuite de ma mauvaiſe fortune, elle alloit ſavoir combien j’ai été coupable, que penſeroit-elle de mon affreux caractère ? Sans pitié pour mon changement, elle me haïroit : que deviendrois-je alors ? Je pris donc le parti de cacher mes ſentimens ; mon cœur en fut navré, mais il ſe réſigna. La vue de cette miſérable a rouvert toutes mes bleſſures légérement cicatriſées, & je n’ai pu me refuſer au déſir de me faire connoître : je ſerai blâmé ; mais à coup ſûr, je ſerai plaint. ”

Lorſque le Chevalier eut ceſſé de parler, tout le monde me fixa avec indignation : je ſortis pour mettre fin à cette ſcène humiliante, M. Gérard me ſuivit. En rentrant à la maiſon, il me ſignifia que j’euſſe à lui rendre mes comptes. Après les avoir vérifiés, il trouva, que non ſeulement ce que j’avois mis dans notre aſſociation étoit diſparu, mais encore qu’il manquoit un tiers dans ſes avances. Sans pitié, il me fit arrêter & conduire au Fort-l’Évêque, priſon, où je ſuis depuis vingt-quatre heu-