Aller au contenu

Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
301
la terreur en macédoine

ux figures superbes d’audace et de juvénile énergie. L’une, imposante dans sa fière beauté masculine. L’autre, resplendissante dans sa grâce féminine qui s’allie si bien à l’intrépidité.

Le capitaine, confondu, lève les bras en l’air en signe de stupéfaction. Les yeux écarquillés, la face devenue toute pâle, il reconnaît ces figures inoubliables !…

Il voit aussi ces vestes grises gansées de noir, toutes deux pareilles ; ces cartouchières aux étuis innombrables, et croisées sur la poitrine, et devant ces deux soldats de l’Indépendance, il s’écrie :

« Joannès !… Nikéa !…

« C’étaient eux les âniers… Timoche et Andréino !… Oh ! avoir été ainsi bafoué pendant quinze jours !…

Et Joannès répond, en haussant les épaules :

« Ce qui prouve, capitaine Saïd, que tu es un fier imbécile !

— Ah ! pourceau de chrétien, tu railles !

« Mais, patience !… je te tiens, toi et ta compagne. »

La jeune femme répond avec dignité, pendant que les soldats, plus exaspérés que jamais, attentifs aux ordres de leur chef, mettent l’arme à l’épaule :

« On permet tout à ceux qui vont mourir. Capitaine Saïd, nous te pardonnions tes insultes, car tu es condamné à mort !

— Feu ! » hurle le capitaine hors de lui.

Mais Joannès et Nikéa, attentifs à tout, ont pressenti le commandement. Avec la vitesse de la pensée, ils s’effacent de chaque côté de la fenêtre. Ils ont déjà disparu au moment où la salve éclate, assourdissante.