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Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/110

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le pragmatisme de James et l’humanisme de l’Anglais Schiller. Ils croient l’un et l’autre à une certaine densité du présent humain ; et c’est seulement en fonction d’une activité présente et en raison de leur actualité qu’ils font intervenir le souvenir du passé ou la prévision de l’avenir. Ils ne déduisent pas l’homme comme un objet de spéculation ; ils l’expérimentent et l’éprouvent. Le spiritualisme de Bergson, vers la même époque, se fait également positif ; il ne prétend pas construire, mais seulement élargir l’expérience ; il voit dans l’intuition une expérience, sans doute dirigée autrement que l’ordinaire, mais qui n’est pas moins valable et certaine ; et quand il parle d’évolution, il ne s’agit pas, comme chez Spencer, d’une loi universelle découverte par les physiciens mais bien d’un devenir retrouvé par l’approfondissement de la conscience elle-même.

C’est dans ce mouvement énergique vers le concret (c’est là le titre même d’un bel ouvrage de M. Jean Wahl) qu’il faut chercher l’origine de la philosophie contemporaine. Non pas qu’elle ait suivi aucun des mouvements que je viens d’indiquer ; et si grande que soit sa dette envers eux, il est incontestable qu’ils sont actuellement oubliés ou critiqués et même que l’on a remis en honneur Hegel, qui était leur principal ennemi. Il y avait en effet, dans ces