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Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/112

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dirigée par la pratique et voit dans le rétablissement de la continuité réelle la tâche de la philosophie, notre philosophie se heurte sans cesse à des discontinuités qu’elle juge infranchissable. Tandis que le motif principal de la philosophie de Bergson est l’élan et le dynamisme, l’idée conductrice de nos philosophes est la structure et la limite. Tous les problèmes dont j’ai parlé en rendent témoignage.

Pour emprunter à la physique une image qui n’a bien entendu qu’une valeur d’image, toutes ces structures sont en général polarisées ; on ne voit pas dans la conscience un vase clos où sont comme enfermés les phénomènes de conscience, mais un pôle dont l’autre pôle peut être, selon les structures considérées le monde extérieur, ou l’autrui, ou le transcendant. À tant d’exemples que j’en ai donnés au cours de ces causeries, j’en pourrais ajouter bien d’autres. Qu’il me soit permis de citer encore les belles recherches de M. Paliard sur la pensée implicite dans la perception de la distance[1]. Classiquement, on considérait cette perception comme acquise grâce à des associations d’images. M. Paliard, par d’ingénieuses expériences, a montré comment elle se fait par une réflexion implicite,

  1. J. Paliard, Pensée implicite et perception visuelle, P. U. F., 1949.