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Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/113

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où la sensation et la chose extérieure se conditionnent réciproquement comme deux pôles.

Pour continuer l’image, je citerais une parole pénétrante d’un des penseurs les plus éminents de notre époque, Paul Valéry, qui, dans Quelques pensées de Monsieur Teste parle de « cette sorte de champ qui domine ces phénomènes de la conscience — images, idées, lesquels sans lui ne seraient que combinaisons, formation symétrique de toutes les combinaisons ». De même que, dans le champ électrique créé à travers un liquide par le passage du courant de l’anode à la cathode, les ions qui se répartissaient au hasard dans le liquide et par conséquent selon toutes les combinaisons possibles, se dirigent maintenant les uns vers l’anode, les autres vers la cathode, de même les structures de l’être humain sont comme des champs de force qui ordonnent, en les polarisant, les éléments qui tombent dans leur influence.

En dehors de ces champs, il n’y a dans la conscience que ces « produits de déchets » ainsi nommés dans une œuvre récente d’Aldous Huxley, ces rêveries qu’il décrit comme « des permutations et combinaisons mentales constituées pendant que la conscience fonctionne au hasard[1] ».

  1. L’éminence grise, p. 87.