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Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/52

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est à la base de la doctrine que le philosophe italien Benedetto Croce a soutenue au début du xxe siècle sous le nom d’historicisme. Tout à fait contraire à ces songes idylliques et à ces paradis que nous promet la philosophie de l’histoire, c’est en se plaçant non au point de vue de l’avenir, mais au point de vue du présent qu’il a donné, dans son livre au titre caractéristique L’histoire comme pensée et comme action (dernière éd., 1943), la définition suivante de l’historicisme (j’en emprunte la traduction à M. Chaix-Ruy dans un article récent de la Revue philosophique) : « Historicisme veut dire : créer sa propre pensée, sa propre poésie en partant de la conscience présente du passé : la culture historique est l’habitude acquise, la vertu qui permet de penser ainsi et d’agir de cette façon ; l’éducation historique, c’est la formation de cette habitude. » On voit le retournement de la situation : tout est centré sur l’activité présente et sur l’activité subjective : loin d’être commandée par l’histoire, c’est le sujet qui donne une signification à l’histoire ; l’histoire est la conscience que l’esprit prend de son propre devenir, d’un devenir toujours présent. Cette conception de l’histoire nous éloigne de la philosophie de l’histoire comme affirmation d’une réalité transcendante au sujet, mais elle ne nous éloigne pas moins de l’histoire