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Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/86

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lui ni l’évidence ni l’expérience est pourtant employé avec une assurance si soutenue.

Dans la crise des principes, à laquelle on assiste depuis le début du siècle, il s’agit de tout autre chose que d’un doute sceptique ce qui est en question, c’est le rôle même et la fonction des principes. Il ne s’agit plus d’une origine des principes qui les garantirait, mais bien de leur place dans la structure de la connaissance. Jusqu’à une date récente, les philosophes définissaient l’intelligence comme étant l’ensemble des principes, et ils essayaient, dans une théorie des catégories, d’en établir systématiquement la liste. De leur côté, les logiciens posaient, au début de la science, un certain nombre de principes inattaquables sur lesquels il n’y avait pas à revenir. En un mot, ils isolaient les principes : la connaissance, dans son développement, avait besoin des principes, mais ils n’avaient pas besoin, eux, de ce développement ; c’était pour ainsi dire des propositions aristocrates qui menaient tout et que rien ne menait. Or c’est cette position exceptionnelle des principes qui est aujourd’hui attaquée. L’abandon du point de vue traditionnel vient à la fois des études des psychologues modernes sur l’intelligence et des observations de la philosophie des sciences sur les transformations récentes dans les sciences mathéma-