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Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/87

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tiques et physiques aussi bien que dans les sciences morales et politiques.

Toutes ces vues nouvelles auraient besoin, pour être exposées complètement, de détails techniques dans lesquels je ne puis entrer. Je voudrais en indiquer suffisamment les tendances pour faire voir comment elles concordent avec celles que j’ai fait ressortir dans les autres parties de la philosophie.

Je dirai d’abord un mot de la transformation de la psychologie de l’intelligence chez le Suisse Jean Piaget, le Français Henri Wallon, l’Américain Köhler. Leur point de départ a été, semble-t-il, dans les vues de Bergson sur l’intelligence. Bergson avait montré que l’intelligence est inséparable des réactions motrices par lesquelles, dans une situation donnée, nous nous adaptons au réel ; l’intelligence n’est donc pas une connaissance immaculée, pour parler avec Nietzsche, mais une fonction d’adaptation au réel où le corps, ne serait-ce que par le langage, prend une part égale à celle de l’esprit. M. Piaget, qui a étudié de si près l’intelligence enfantine, a souligné le caractère opératoire de l’intelligence : il a montré en particulier comment un principe tel que la conservation de la quantité de matière dans le changement n’était pas du tout évident, mais ne pouvait être atteint que par l’expérience de changements