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Page:Bréhier - Les Thèmes actuels de la philosophie, 1951.djvu/95

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tère purement spéculatif ; elle suppose que l’histoire de l’humanité touche à sa fin ; par conséquent le philosophe ne peut en rien transformer le destin de l’homme ni en promouvoir le progrès ; s’il y a dynamisme, c’est seulement dans sa pensée, et au total sa philosophie est un amen au monde tel qu’il est. S’il en est ainsi, c’est que Hegel comme d’ailleurs Feuerbach en restent aux abstractions ; ils croient à tort qu’il existe une vie de l’esprit, séparée de l’histoire effective et que le philosophe peut reconstituer dans sa solitude. Or, Marx ne conteste pas l’existence et l’importance de la morale, de la religion, de la métaphysique et autres idéologies, mais il nie qu’elles soient autonomes. « Elles n’ont pas d’histoire, écrit-il, elles n’évoluent pas ; ce sont au contraire les hommes qui, développant leur production et leur trafic matériel, transforment en même temps leur pensée et ses produits. Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, c’est la vie qui détermine la conscience », entendons la vie des hommes pris « non pas dans une chimérique solitude, mais en pleine évolution, concrète, tangible, réelle, dans des conditions déterminées ». En prenant comme principe que la vie spirituelle ne vient pas d’un appel d’en haut, mais est conditionnée par la situation matérielle et sociale, Marx, après Montesquieu d’ailleurs, introduisait une manière