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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/41

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AURORA FLOYD

n’avait cessé de l’épier d’un regard avide de pénétrer cette nouvelle phase du mystère.

— Cette enveloppe contient-elle les deux mille livres ? — se demanda-t-il. — Non, assurément. Une pareille somme doit former une énorme pile d’or ou d’argent, une montagne de pièces brillantes.

Quelquefois, il lui était arrivé de voir des billets et des bank-notes entre les mains de Langley, l’entraîneur, et il s’était demandé comment il se faisait que tant d’argent fût représenté par d’aussi minces morceaux de papier.

— J’aimerais mieux l’avoir en or, — pensait-il ; — si c’était à moi, j’aimerais mieux l’avoir en or et en argent.

Il ne fut pas fâché de se trouver sain et sauf hors de portée des fouets de Mme Mellish, et dès qu’il atteignit l’épais couvert, il se mit à examiner le papier qu’on lui avait confié.

Mme Mellish avait généreusement humecté le côté adhérent de l’enveloppe, ainsi qu’il peut arriver quand on est pressé ; la conséquence de ce manque de soin fut que la gomme était encore assez humide pour que Hargraves pût facilement ouvrir l’enveloppe sans la déchirer. Il jeta un regard de précaution autour de lui, pour bien s’assurer qu’on ne l’observait pas, et il en retira la feuille de papier. Ce qu’elle contenait n’était guère fait pour le payer de sa peine ; ce n’était que ces quelques mots griffonnés à la hâte par Aurora :

« Trouvez-vous à l’extrémité méridionale du bois, près du tourniquet, entre huit heures et demie et neuf heures. »

L’idiot fit une légère grimace en prenant connaissance de cette communication.

— C’est une écriture joliment difficile à déchiffrer, tout de même, — dit-il en achevant sa tâche. — Pourquoi ces gens riches n’écrivent-ils pas comme Ned Tiller du Lion Rouge ?… c’est comme de l’imprimerie. Et puis ça se lit mieux, et c’est plus joli à regarder.

Il referma l’enveloppe, la pressant avec son pouce cras-