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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/5

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AURORA FLOYD

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CHAPITRE XX

Le Capitaine Prodder.

Pendant que le train express de Doncastre emportait vers le nord M. et Mme Mellish, un autre train express voyageait de Liverpool à Londres, avec son chargement de voyageurs. Parmi ceux-ci se trouvait un certain individu, aux épaules larges et au cou de taureau, qui avait considérablement attiré l’attention pendant le voyage, et avait été l’objet de quelque intérêt pour ses compagnons, ainsi que pour les employés du chemin de fer, aux deux ou trois stations où le train s’était arrêté.

C’était un homme d’environ cinquante ans, mais il ne paraissait pas les avoir, et il n’accusait cet âge que par quelques filets gris qui se voyaient au milieu de son épaisse chevelure d’un noir de jais. Son teint, naturellement brun, était devenu tellement bronzé et cuivré par l’action du soleil du Midi, des vents brûlants des tropiques, du souffle ardent du simoun, et des autres légers inconvénients d’une existence vagabonde, qu’on l’eût volontiers pris pour un habitant de quelques-uns de ces pays dans lesquels le teint des habitants flotte entre la terre de Sienne brûlée, le rouge indien, et le brun Van-Dyck. Mais cette erreur était bien vite rectifiée par lui, et il n’était pas long à trouver l’occasion d’exprimer son souverain mépris et son aversion profonde