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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/102

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

sonnement par l’arsenic. Ceux que vous me décrivez sont ceux qui résultent de l’emploi d’un poison végétal. Les poisons de ce genre jettent du vague dans le diagnostic et ne laissent pas de traces. C’est l’agent qui permit aux Borgia de décimer Rome, C’est plus vieux que la Grèce antique, facile comme l’A B C, et cela continuera d’être ainsi jusqu’au moment où il y aura auprès du malade un expert juré près les tribunaux, passé maître dans la science dont le scélérat n’est qu’un adepte, et protégé contre les risques d’une parole imprudente par la nature même de ses fonctions.

— Grand Dieu ! comment parvenir à la sauver ! » s’écria Valentin.

Il ne pouvait envisager la question sous son grand aspect social, il ne songeait qu’à la chère existence qui était en jeu.

Envoyer ce docteur Jedd ne serait peut-être que hâter sa mort, envoyer un homme moins expérimenté serait folie.

Que faire ?

Il jeta un regard désespéré vers le médecin, et ce regard suffisait à le convaincre de la fragilité du roseau auquel il se rattachait.

C’est alors que, comme un éclair soudain, un nom traversa son esprit. Sheldon, l’homme de loi, le faiseur de projets, l’homme qui connaissait le mieux son terrible ennemi et qui était le plus de force à se mesurer avec lui ; c’est à lui qu’il fallait aller demander conseil dans ce moment critique.

Une fois l’idée conçue, Valentin fut prompt à l’exécuter.

« Votre intention est de m’assister dans cette affaire, n’est-ce pas ? demanda-t-il à Burkham.