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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/120

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

parler de lui une douzaine d’années après, comme d’un heureux spéculateur, possédant une belle maison, un bel équipage et ayant la réputation d’être l’un des hommes les plus habiles de la Cité.

Les nouvelles qui parvenaient sur son compte à Barlingford étaient plus ou moins exagérées et ceux qui s’entretenaient de son habileté et de sa bonne chance, étaient portés à oublier qu’il devait le commencement de sa fortune aux dix-huit mille livres de Halliday.

Le seul fait qui frappait les compatriotes de Sheldon, c’est qu’un homme de Barlingford avait fait fortune à la Bourse, d’où ils tiraient cette conséquence, que d’autres hommes de Barlingford pouvaient faire de même.

Aussi arriva-t-il qu’un M. Orcott, de la maison Plymley Rise, près Barlingford, ne sachant que faire de son plus jeune fils, résolut de le lancer dans la carrière qu’avait suivie Sheldon : il écrivit à Philippe pour lui demander de prendre son fils comme commis, comme secrétaire, à un titre quelconque, et cela, en vue d’une association ultérieure ; et Philippe consentit, à certaines conditions. La somme était un peu raide, à ce qu’il sembla à Orcott, mais il fut d’avis qu’une aussi forte somme ne lui aurait pas été demandée si les avantages ne devaient pas être d’une importance proportionnée. Le marché fut donc conclu, et Frédérick Orcott vint à Londres. C’était un jeune homme ayant un goût prononcé pour les courses de chevaux, doué d’un souverain mépris pour toute affaire exigeant de l’application et du travail, et d’une confiance excessive en son propre mérite.

George avait connu Frédérick dès l’enfance, et il s’était trouvé avec lui une demi-douzaine de fois avant son arrivée à Londres ; il ne prévoyait pas de rencontrer