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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/126

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

ombre de prise à la méchanceté du scélérat aux espérances duquel ce mariage allait donner le coup de la mort. Il savait, lui qui, dès son plus bas âge, avait connu les vilains côtés de la vie, combien il arrive souvent à l’innocent de porter toute sa vie la peine des folies ou des fautes des autres. Et sur la vie de sa bien-aimée, s’il plaisait à Dieu de la lui conserver, il ne voulait pas qu’une imprudence présente vînt jeter une ombre sur l’avenir.

« Cette femme du comté d’York, avec son esprit subtil et son franc-parler, est de toutes les femmes celle qui est la plus apte à la protéger, pensa-t-il en s’asseyant dans le cabinet de Sheldon où la servante l’avait introduit.

Mme Woolper vient de monter à l’instant pour se nettoyer, dit-elle, nous avons enlevé les tapis de la salle à manger et du salon pendant que la famille est absente. Voulez-vous prendre la peine d’attendre ? »

Valentin consulta sa montre.

« Je ne puis attendre très-longtemps, dit-il, et je vous serai fort obligé si vous voulez bien dire à Mme Woolper que je désire la voir pour une affaire de la plus grande importance. »

La servante partit et Valentin fut laissé tout à l’ennui d’attendre que Mme Woolper se fût nettoyée.

Le cabinet de Sheldon à Bayswater n’offrait pas plus d’intérêt aux yeux de l’observateur que celui de son bureau dans la Cité : des livres bien reliés étaient protégés par les panneaux garnis de glaces de la bibliothèque ; il y avait une table à écrire sur laquelle se trouvait une machine à peser les lettres, un grand buvard et un encrier en bronze d’un style sévère ; plus loin, sur une forte table de chêne se voyait la presse à copier