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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/125

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

CHAPITRE III

LES ORACLES VIRGILIENS

Pendant que George était encore dans les profondeurs de la Cité, Valentin arrivait à la villa gothique, où il demanda à voir Mme Woolper.

Il connaissait fort peu cette femme, il ne l’avait vue que deux ou trois fois quand un hasard quelconque l’avait appelée au salon, et il avait entendu Charlotte parler souvent de son affectueuse anxiété à son égard. S’être montrée bonne pour Charlotte c’était le meilleur des titres à son estime.

« Cette femme nous sera d’un secours inestimable, pensa-t-il. Son âge, son expérience du traitement des maladies, sa familiarité avec la malade, la rendent éminemment propre à la fonction qu’elle aurait à remplir. Si le docteur Jedd ordonne qu’une garde soit installée auprès du lit de Charlotte, voici la garde qu’il nous faut. S’il est possible de transporter la pauvre enfant souffrante, nous ne pouvons trouver de meilleur chaperon pour la protéger et surveiller son transport. »

Qu’un mariage immédiat fût une mesure sage, Valentin n’en doutait pas, puisque ce mariage, en enlevant toutes chances à Sheldon, faisait disparaître les motifs qui le poussaient au crime. Mais en réfléchissant sur cette grave mesure, Valentin avait à sauvegarder aussi bien la réputation que la sécurité de sa future épouse. Il était résolu à ce qu’il n’y eût pas l’ombre d’un scandale dans ce mariage clandestin, pas une