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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

tion qui s’était emparée de son esprit ? il obtiendrait une réponse… quelque oracle menteur… peut-être serait-ce une voix du ciel… un apaisement momentané de la tempête de doute qui grondait dans sa poitrine.

« Je doute que Sheldon ait jamais possédé une Bible ou une Énéide, se dit-il en cessant tout à coup de se promener dans la chambre. J’ouvrirai le premier livre qui me tombera sous la main, et dans la première ligne qui s’offrira à mes regards je trouverai un augure. »

Il regarda dans le cabinet.

Derrière les glaces de la bibliothèque d’acajou apparaissaient à ses regards, Hume, Smollet, Shakespeare, Walter Scott, et parmi ces ouvrages une grande et belle Bible de famille.

Mais la bibliothèque était fermée à clef. Dans le cabinet de Sheldon il ne paraissait pas y avoir d’autres livres…

Si, dans un petit casier installé dans la saillie formée par la cheminée, il y avait trois rangées de gros volumes in-4o reliés en vert sombre.

Ce que pouvaient contenir ces volumes, Valentin l’ignorait, et le fait même de cette ignorance ne les rendait pas plus propres au but qu’il se proposait.

Puiser une phrase dans ces volumes qui lui étaient totalement inconnus, c’était s’aventurer dans une obscurité plus profonde que celle que lui offrait l’Énéide ou la Bible, ouvrages qui lui étaient familiers et avec lesquels la connaissance qu’il avait de leurs textes pouvait involontairement lui fournir les moyens d’influencer l’oracle.

Il s’avança vers le casier et il promena son doigt sur le dos des volumes les yeux fixés du côté de la fenêtre.