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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/129

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Le premier obstacle que rencontrera ma main déterminera le choix du volume, » se dit-il.

Il passa aisément sa main sur les volumes de la première tablette, tout aussi aisément sa main glissa sur ceux de la seconde tablette, et il commençait à douter de l’efficacité du moyen qu’il avait pris pour déterminer son choix ; mais en parcourant la troisième rangée de livres, sa main fut arrêtée au milieu de la tablette par un livre qui était en saillie d’un pouce sur tous les autres.

Il prit le volume et l’apporta sur la table, toujours sans le regarder, puis une étrange frayeur superstitieuse se mêlant dans son esprit à la honte qu’il éprouvait de sa folie dont il avait conscience, il regarda la page qui était devant lui.

La ligne sur laquelle ses yeux se portèrent était l’en-tête d’une lettre. Elle était d’un caractère plus gros que le reste de la page et il se l’expliquait tout naturellement, pendant que debout à une petite distance de la table ses regards s’arrêtèrent sur le livre ouvert qui y était posé.

Cette ligne contenait ceci :

DU PEU DE CERTITUDE QU’OFFRE LA GAZE DE CUIVRE COMME AGENT POUR DÉCOUVRIR LA PRÉSENCE DE L’ARSENIC.

Le livre était un volume de La Lancette, ayant vingt années de date.

« Quel oracle ! » pensa Valentin, riant de sa folie, et avec un certain sentiment de soulagement ?

Dans tout ce qui a un rapport quelconque avec les puissances invisibles se cache un sentiment de terreur pour les cœurs des faibles humains. Il avait fait un ap-