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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/138

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Elle prit la main du jeune homme dans sa main ridée et la serra vigoureusement.

Il sentit que dans cette ferme pression il y avait une promesse aussi sacrée que les serments les plus solennels enregistrés sur cette terre.

Il rencontra Sheldon sur le seuil et passa devant lui sans lui dire un mot. Le temps pouvait venir où il aurait besoin de dissimuler ses pensées sous un masque de civilité hypocrite envers cet homme ; mais il ne s’y était pas encore préparé.

À la grille, il trouva George.

« Qu’arrive-t-il ? demanda l’homme de loi.

— Avez-vous envoyé votre message ?

— Oui, j’ai adressé un télégramme à Philippe.

— C’est de la peine perdue. Il l’a ramenée à la maison.

— Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Qui sait ?… Plaise à Dieu qu’il ait fait un faux calcul. J’ai bien examiné Charlotte et le mal n’a pas empiré. Je vais chercher le docteur Jedd.

— Et vous ne craignez pas que Philippe ne flaire le piège ?

— Je ne crains plus rien de lui désormais. S’il n’est pas trop tard pour la sauver, nous la sauverons. »

Il ne s’arrêta pas plus longtemps et s’élança dans son cab.

« À l’embarcadère du Pont de Londres ! Il faut que nous y soyons un quart d’heure avant cinq heures, » dit-il au cocher.

George n’alla pas plus loin que la grille, sur les domaines de son frère.

« Je me demande si les gens de Barrow feront suivre le télégramme, pensa-t-il. Cela serait peu agréable