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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/137

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Le visage qui était appuyé sur son épaule était d’une blancheur qui tranchait d’une manière frappante sur le drap bleu foncé de son habit, la main qu’il serrait dans la sienne, ah ! comme elle était faible et sans ressort.

« Valentin, dit la jeune fille d’une voix endormie et en levant les yeux sur son visage, est-ce vous ?… j’ai été si malade, si fatiguée, qu’ils ont voulu me ramener ici, pour être plus près des docteurs, a dit papa. Croyez-vous qu’il y ait des docteurs capables de me guérir ?

— Oui, chère, avec l’aide de Dieu ! Je suis heureux qu’on vous ait ramenée ici. Et maintenant il faut que je me sauve, dit-il après avoir installé Charlotte dans le fauteuil de Sheldon, je ne serai absent que fort peu de temps, ma chérie. J’ai vu un docteur dans lequel j’ai plus de confiance qu’en M. Doddleson. Je vais le chercher, ma chérie, ajouta-t-il tendrement, en sentant une faible pression de sa main qui cherchait à le retenir. Je ne serai pas long. Pensez-vous que je ne m’empresserai pas de revenir auprès de vous ? Ma bien-aimée, quand je serai revenu près de vous, j’y resterai et pour toujours. »

Elle était trop malade pour remarquer le sens de ces paroles, tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle y trouvait plaisir.

Il se précipita hors de la chambre. En moins d’une heure il devait être à l’embarcadère du Pont de Londres, où, selon toutes les probabilités, le train de cinq heures emporterait le docteur Jedd à Saint-Léonard et c’est dans le docteur Jedd qu’il plaçait son principal espoir.

« Me croyez-vous, maintenant ? demanda-t-il à Nancy en traversant l’antichambre.

— Oui, répondit-elle à voix basse, et je ferai ce que vous attendez de moi. »