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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/147

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« La garde-malade est auprès d’elle, je suppose ? dit-il à la fille.

— Oui, monsieur… du moins Mme Woolper est avec elle.

— C’est bien. »

Sheldon entendit des voix dans l’antichambre et sortit du petit salon au moment où le docteur montait la première marche de l’escalier.

« Qu’est-ce que cela ?… qu’est-ce que cela ? demanda-t-il à Valentin.

— Je vous ai dit que l’opinion du docteur Doddleson ne me satisfaisait pas, répondit froidement le jeune homme. Monsieur est ici sur ma demande.

— Et de quel droit, je vous prie, vous permettez-vous d’amener un docteur de votre choix auprès de ma belle-fille, sans vous être au préalable entendu avec moi ?

— Du droit que me donne l’amour que j’ai pour elle. Je ne suis pas satisfait du traitement médical que votre belle-fille a reçu dans cette maison, monsieur Sheldon, et j’éprouve le besoin d’être satisfait. Mlle Halliday est quelque chose de plus que votre belle-fille, veuillez vous le rappeler, elle est ma fiancée. L’opinion du docteur Jedd aura plus de poids pour moi que celle du docteur Doddleson. »

En entendant le nom de Jedd, Sheldon tressaillit légèrement.

C’était un nom qu’il ne connaissait que trop bien, un nom qu’il avait vu figurer parmi ceux des experts chargés de faire leur rapport dans le grand procès criminel de Fryar, dont les comptes-rendus avaient exercé sur lui une horrible fascination : il s’était figuré être à la place de Fryar l’empoisonneur et cette idée avait fait