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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/148

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

courir un frisson glacé dans ses veines. Mais l’instant d’après il s’était dit : « Je ne suis pas un imbécile comme ce Fryar, et je ne me suis pas exposé aux risques qu’il a courus. »

À ce nom de Jedd, le même frisson glacé courut de nouveau dans ses veines. Son ton de colère contenu fit place à une politesse presque servile.

« J’ai l’honneur de connaître le docteur Jedd de réputation, et je retire mes observations contre votre manière de procéder, mon cher Haukehurst, quoique je sois sûr que le docteur sera d’accord avec moi que cette manière d’agir est absolument contraire à l’étiquette professionnelle, et que M. Doddleson aura le droit de s’en trouver offensé.

— Il y a des cas où l’on ne songe guère à l’étiquette, dit le docteur Jedd. Je serai heureux de me rencontrer demain matin avec le docteur Doddleson, mais M. Haukehurst m’a paru si désireux que je visse Mlle Halliday ce soir, que je me suis décidé à écarter toute question de cérémonie et à venir avec lui.

— Je ne puis blâmer son désir de s’assurer une opinion aussi précieuse. Une seule chose m’étonne, c’est la bonne étoile qui l’a guidé vers un aussi excellent conseiller. »

Le regard de Sheldon allait du docteur Jedd à Valentin, en disant cela : leurs physionomies ne lui en apprenaient pas davantage qu’une simple feuille de papier blanc. Le visage de Valentin était sombre et triste ; mais cette sombre tristesse s’expliquait tout naturellement par le chagrin qu’il éprouvait.

« Je vais vous conduire immédiatement à la chambre de ma belle-fille, dit-il au médecin.

— Je pense qu’il vaut mieux que je voie la jeune per-