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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/152

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

confondez positivement, par votre manière d’envisager l’état de ma belle-fille. Le docteur Doddleson n’appréhendait aucun danger. Il a vu notre chère enfant dimanche matin… hier matin, ajouta Sheldon frappé d’étonnement en reconnaissant combien avait été court l’intervalle de temps qui s’était écoulé entre sa promenade dans le jardin de la maison de Barrow avec Valentin et le docteur Doddleson, et le moment présent. »

Pour Valentin la chose était encore plus merveilleuse. Quel abîme entre hier matin et ce soir ! La connaissance de ce qu’était Sheldon, toute l’horreur qui entourait la mort de Halliday, tout cela lui avait été révélé pendant ce court espace.

« Je désirerais voir les prescriptions du docteur Doddleson, » dit le docteur Jedd avec une grave politesse.

Sheldon les tira de son portefeuille d’une main ferme. Ni changement de physionomie, ni tremblement de la main ou de la voix ne trahirent ses appréhensions. Le seul caractère distinctif de ses manières était l’air distrait et machinal d’un homme dont l’esprit est occupé d’autre chose que de la conversation à laquelle il prend part. Toujours prompt à se livrer à des calculs, il était en cet instant critique absorbé par une sorte d’arithmétique mentale. Les chances de découverte…, tant.

Un examen rapide de sa position lui disait quelles étaient ces chances. Découverte de la vérité par le docteur Jedd. Oui, peut-être était-ce déjà un fait acquis. Mais pouvait-il résulter un mal actuel pour lui de cette découverte ?

Il calculait les chances pour et contre, et le résultat était en sa faveur.