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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/151

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Je serais heureux de connaître votre opinion, » dit-il avec calme.

Le docteur le suivit dans son cabinet.

Valentin avait suivi le docteur, à la grande surprise que celui-ci ne chercha pas à dissimuler.

« M. Haukehurst est très-anxieux d’entendre ce que j’ai à dire, dit le docteur Jedd. Et en réalité je n’y vois aucun empêchement.

— Si vous n’avez pas d’objection à faire à la présence de M. Haukehurst, je ne puis en avoir aucune, répliqua Sheldon, Je dois cependant confesser que votre manière d’agir me semble tout-à-fait exceptionnelle et…

— Oui, monsieur Sheldon, mais c’est que, voyez-vous, le cas qui nous occupe est lui-même tout-à-fait exceptionnel, dit le médecin gravement.

— Vous le pensez ?

— Positivement. La jeune dame est en extrême danger…, oui, monsieur Sheldon, en extrême danger. L’erreur commise en la faisant voyager aujourd’hui est une erreur que je ne saurais trop condamner. Si vous aviez voulu tuer votre belle-fille, vous pouviez difficilement trouver un moyen plus efficace pour obtenir ce résultat. Sans aucun doute vous avez été guidé par les meilleures intentions. Je regrette seulement que vous vous ayez agi sans l’avis d’une personne compétente.

— Je croyais agir pour le mieux, » répondit Sheldon presque machinalement.

Il essayait de se rendre compte de la signification exacte des paroles du docteur. Exprimait-il seulement son mécontentement pour une erreur causée par l’ignorance ou la stupidité, ou fallait-il chercher un sens plus fatal dans ses paroles ?

« Vous me confondez, dit le spéculateur ; vous me