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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/154

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

traitement, » dit-il en continuant à lire par-dessus l’épaule du médecin.

Le docteur Jedd tourna brusquement sa chaise et le regarda en face.

« Est-ce à M. Sheldon le spéculateur ou à M. Sheldon le chirurgien-dentiste que je parle ? » demanda-t-il.

Ceci lui donna un coup : cette allusion à son passé était une atteinte plus directe que celles qu’il avait reçues précédemment.

Son regard alla de Valentin au docteur Jedd et du docteur Jedd à Valentin.

Que voulait dire cette allusion au passé ?

Ce bavard de George avait probablement parlé à son ami de l’ancienne histoire et Valentin avait entretenu le médecin des antécédents de Sheldon.

Était-ce là toute l’explication, ou fallait-il en chercher une autre ?

Quoi qu’il en fût, il fit face au danger caché et il affronta les incertitudes de sa position avec autant de calme que ses certitudes.

« Je n’ai nulle intention d’intervenir dans votre traitement, dit-il avec un très-grand calme, mais je me connais un peu en pharmacopée, et j’avoue qu’il m’est impossible de me rendre compte de vos prescriptions.

— Le docteur Doddleson les comprendra parfaitement quand je lui aurai fait connaître mon opinion. Il n’y a pas de temps à perdre. Monsieur Haukehurst, voulez-vous porter cette ordonnance chez le pharmacien et attendre qu’on vous délivre ce que j’ai prescrit ? Mlle Halliday ne saurait prendre trop tôt cette potion. Je serai ici demain matin à neuf heures. Si vous désirez que je voie le docteur Doddleson, vous pourrez sans doute prendre avec lui un rendez-vous pour cette heure.