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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/172

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

ce genre dans la journée, mais elle ne quittait jamais sa porte dans la chambre en face de celle de la malade : elle se plaignait d’un mal de tête ou de quelque vague indisposition pour se dispenser de prendre ses repas dans la salle à manger, et Sheldon feignait de se montrer satisfait des excuses qu’elle alléguait pour expliquer sa conduite.

Elle était sur ses gardes et le misérable maître de la maison savait qu’elle veillait et que si Nancy pouvait être amenée par la crainte à se conformer à ses désirs, cette jeune personne resterait là comme un chien fidèle devant la chambre de son amie.

Il se demanda si par une mesure violente ou par diplomatie il ne pourrait pas se débarrasser de cette seconde surveillante, mais la réponse qu’il s’adressa fut négative. Le cercle tracé autour de lui était un cercle qu’il ne pouvait briser.

Sa femme n’avait encore rien appris des soupçons qui régnaient dans d’autres cœurs : il le savait, car le visage de sa femme n’avait pas encore trahi cette sombre connaissance, et de tous ceux qui l’entouraient elle était celle qui pouvait le moins cacher ses pensées à son regard scrutateur.

Les jeunes servantes de la maison n’avaient pas non plus été admises à partager cet affreux soupçon.

Il avait interrogé la physionomie de la fille qui le servait et il s’en était convaincu.

C’était quelque chose que de savoir que ceux-là du moins n’étaient pas encore ligués contre lui, mais il ne savait à quel moment elles aussi seraient admises dans la société secrète qui s’était formée dans sa propre maison.

Poursuivre l’accomplissement de ses plans à la face