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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/181

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

noires et les sourds tintements de la grosse cloche qui sonnait le glas funèbre.

Il s’éveilla en sursaut et s’écria :

« Si c’est cela qui est dormir, je ne veux plus dormir jamais ! »

Un instant après, il était revenu à lui.

Il avait dormi sur le dos.

Ce cortège sans fin, cette cloche qui sonnait le glas des morts, n’étaient que le résultat du cauchemar, ce supplice commun à toute l’humanité.

« Qu’il faut que je sois bête ! » murmura-t-il en essuyant la sueur froide dont son horrible rêve avait inondé son front.

Sheldon ouvrit les volets, puis regarda la pendule qui surmontait la tablette de la cheminée. À sa grande surprise il vit qu’il avait dormi trois heures ! Il était neuf heures. Il monta à sa chambre pour s’habiller : dans le corridor du premier il y avait un mouvement inaccoutumé.

Nancy était là la main posée sur le bouton de la porte de la malade, parlant à Diana, qui se couvrit le visage avec ses mains à son approche et disparut dans sa chambre.

Les battements de son cœur s’accélérèrent soudainement. Quelque chose devait être arrivé pour troubler l’ordre ordinaire des événements.

Quelle chose ? Que pouvait-il être arrivé, sinon la redoutable circonstance qu’il espérait et qu’il attendait avec une si horrible anxiété ?

Sur le visage grave de Nancy il lut la réponse à sa pensée. Pour la première fois, il fut bien près de perdre son empire sur lui-même. Ce fut avec effort qu’il reprit assez de calme pour adresser sa question habituelle du ton accoutumé.