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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/182

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Est-elle un peu mieux ce matin, Nancy ?

— Oui, monsieur, elle est beaucoup mieux, dit la vieille gouvernante d’un ton solennel. Elle est où personne ne peut lui faire de mal maintenant. »

C’était la périphrase habituelle dont se servent les gens de cette classe : il savait leur phraséologie par cœur.

« Vous voulez dire qu’elle est… qu’elle est morte… morte ?… »

Il n’essayait plus de cacher son agitation. Il entrait dans son rôle de paraître agité en apprenant la fin prématurée de sa belle-fille.

« Oh ! monsieur, vous pouvez vous montrer chagrin, dit la vieille femme avec un profond sentiment. C’était la plus douce et la plus indulgente créature qui ait jamais vécu en ce monde : jusqu’au dernier moment, pas un mot dur où cruel n’est sorti de ses lèvres innocentes. Oui, monsieur, elle est partie ; elle est hors de la puissance de quiconque lui voudrait du mal.

— Tous ces genres de discours ne sont que d’hypocrites rabâchages, madame Woolper, murmura Sheldon avec impatience, et je vous conseille de les garder pour le chapelain du workhouse, où, selon toutes les probabilités, vous irez finir vos jours. À quel moment ce… ce… triste événement est-il arrivé ?

— Il y a une heure environ. »

Juste à l’heure où, dans son horrible rêve, il avait vu le cortège funèbre.

Y avait-il un sens dans ces folles imaginations ?

« Et pourquoi ne m’a-t-on pas envoyé chercher ?

— Vous dormiez, monsieur ; je suis descendue moi-même, et j’ai regardé dans votre chambre. Vous étiez profondément endormi, et je n’ai pas voulu vous déranger.