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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

cuisine et la porte de service, monsieur, parce que vous dormiez, a dit Mme Woolper, et qu’il ne fallait pas vous déranger.

— À huit heures, oui, Et Mme Woolper et Mlle Paget ?

— Aussitôt après que vous avez été parti, monsieur. Elles avaient deux fiacres pour emporter les bagages de madame et de mademoiselle, qui étaient encore comme ils étaient quand vous êtes revenu de Barrow.

— Oui, je comprends. »

Il avait presque envie de demander à la fille si elle avait entendu l’adresse donnée aux cochers des deux fiacres, mais il s’en abstint.

Que lui importait de savoir où il pouvait trouver sa femme et sa belle-fille ? Qu’elles fussent dans la rue voisine ou aux antipodes, le fait avait peu d’importance pour lui, si ce n’est que la connaissance du lieu où elles demeuraient lui rendrait plus facile de les éviter.

Entre elles et lui il y avait un abîme plus large que les plus grandes mers du monde et songer à elles était folie et rien que du temps et des pensées perdus.

Il quitta la maison qui depuis les dernières cinq années de sa vie était l’enseigne extérieure de son état social, ayant pleinement conscience qu’il la quittait pour toujours, et il la quitta sans un soupir.

Pour lui, le mot maison ne s’associait à aucun tendre souvenir et le foyer domestique n’avait jamais eu plus de charme qu’une place au coin du feu dans un hôtel luxueux. C’était un homme qui aurait aimé à passer son existence en hôtel garni, si la solidité de sa position n’avait eu à gagner à la possession d’une maison bien montée.

Il alla à l’église de Paddington.