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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/201

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Il n’était que cinq heures à l’horloge de cet édifice : l’église était fermée, mais Sheldon trouva le bedeau qui, moyennant une belle gratification, le conduisit à la sacristie, et là lui montra le livre des mariages et l’acte du dernier qui y avait été célébré.

C’était bien la signature de Charlotte Halliday, un peu incertaine, un peu tremblée.

« Je suppose que vous êtes un parent de la jeune dame, monsieur ? dit le bedeau. L’affaire était un peu étrange, mais la maman de la jeune dame était avec elle ; et d’ailleurs, la jeune dame était majeure ; aussi, voyez-vous, il n’y a rien à dire contre le mariage. »

Sheldon n’avait en effet rien à dire contre le mariage. Si quelque fausse allégation de sa part, quelque lâche et cruelle qu’elle fût, avait pu invalider la cérémonie, une telle fausseté ne lui eût rien coûté.

S’il eût été citoyen des États du Sud de l’Amérique, il aurait suborné quelques témoins pour prouver qu’il y avait du sang noir dans les veines de Valentin.

S’il n’avait pas eu affaire à un aussi fort adversaire que M. le docteur Jedd, il aurait essayé d’obtenir d’une commission de docteurs la déclaration que Charlotte était folle et par ce moyen il aurait annulé son mariage.

Mais dans l’état actuel des choses, il savait qu’il ne pouvait rien.

Il avait échoué : ces trois mots disaient tout.

Il ne perdit pas de temps à l’église et il s’empressa de se rendre dans la Cité, où il arriva juste au moment où Kaye quittait son bureau.

« Avez-vous envoyé, les papiers en question à votre sollicitor ? demanda-t-il.

— Non, j’allais justement les lui porter. J’ai pensé