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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/203

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

De chez le prêteur sur gages, il revint à Bayswater pour prendre son porte-manteau et de là il se rendit à Euston Hôtel, où il dîna modestement.

Après son dîner il alla dans les rues obscures qui se cachent derrière Euston Square, et trouva là un barbier qui rasa ses favoris et lui coupa les cheveux aussi ras que ses ciseaux le lui permirent.

Le sacrifice de ces ornements opéra un changement extraordinaire dans cet homme ! tous les pires indices caractéristiques de sa physionomie s’accentuèrent, et le visage de Sheldon, privé des épais favoris qui cachaient les coins de sa bouche et des boucles de cheveux qui donnaient de la hauteur et de la largeur à son front, devint un de ces visages auxquels nul n’est disposé à se fier.

Il partit par le train-poste du soir pour Liverpool, protégé par les ombres de la nuit.

Il attendit tranquillement dans cette ville le départ d’un paquebot pour New-York et fut assez heureux pour quitter l’Angleterre un jour avant la date fatale où le premier de ses faux billets arriva à échéance.