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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/202

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

qu’il serait nécessaire de s’assurer qu’il n’existe pas d’autre testament de Mlle Halliday, postérieur à celui-ci ; c’est ce qu’il sera difficile de savoir. Les femmes ne s’arrêtent pas de faire des testaments, quand une fois elles se sont décidées à en faire un. Elles sont prises d’une rage de multiplier ces documents, vous le savez comme moi. Si le testateur, dans cette grande affaire de ce fameux codicille, avait été une femme, le jury aurait difficilement refusé de croire à l’existence d’une demi-douzaine d’autres codicilles cachés dans différents trous et recoins. Les femmes sont coutumières de ces sortes de choses. Comme de raison, je ne doute pas que vous ne m’apportiez le testament avec une entière bonne foi ; mais je prévois de grandes difficultés à trouver de l’argent sur une semblable garantie.

— Ne vous inquiétez pas davantage à ce sujet, dit Sheldon froidement. J’ai reconnu que je pouvais me passer de cet argent, et je suis venu uniquement pour réclamer les pièces. »

Kaye les remit à son client. Il n’était pas tout à fait satisfait du tour qu’avait pris l’affaire, car il avait espéré réaliser de bons profits en exploitant les embarras de Sheldon.

Celui-ci ne lui fit pas l’honneur d’entrer dans de plus longues explications ; il se contenta de mettre les papiers dans sa poche, et il souhaita le bonjour à l’escompteur.

Ce fut la dernière fois que Sheldon parut dans la Cité en sa qualité de négociant solide et respecté.

Il se rendit du bureau de l’escompteur dans celui d’un prêteur sur gages, chez lequel il engagea les bijoux de sa femme et sa propre montre pour une somme de cent vingt livres.