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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/209

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

mariage à aller du West End à Kilburn, y apportant des fleurs de serres, des comestibles, des boîtes de bonbons de chez Fortnum et Mason, les Chevet et les Boissier de Londres, de la parfumerie, des livres nouveaux, de la musique nouvelle, et à veiller à la mise en place d’un luxe de sièges moelleux et commodes loués chez un des marchands de meubles les plus en renom, ainsi que d’un grand piano et d’un harmonium.

« Nous ferons de la musique le soir, dit-il à Diana, qui manifestait son étonnement à la vue de tous ces arrangements, quand nous serons tous rassemblés ici. Pourquoi ouvrir ainsi de grands yeux à la vue de ces riens ? Penses-tu que je n’ai pas pris plaisir à témoigner mon affection à ceux qui ont été si bons pour toi, à tes amis, à ta sœur d’affection ? Je voulais que tout fût brillant autour d’elle, quand on l’amènerait ici, après qu’elle aurait échappé aux serres de la mort, et puis, ne devais-tu pas venir passer ici quelques jours avant notre mariage ? Ton père a été bien surpris d’apprendre de pareils événements. Ne viendras-tu pas le voir bientôt ?

— Oui, cher Gustave. J’irai demain. »

Elle vint en effet le lendemain et trouva le capitaine beaucoup plus affaibli que lors de sa dernière visite.

Il était évident que sa fin était proche : il était très-changé et très-abattu par sa longue maladie, mais l’esprit mondain n’avait pas été entièrement exorcisé, même dans cette triste période de concentration en lui-même.

« Qu’est-ce que tout cela signifie, Diana ? demanda-t-il. Je n’entends pas être ainsi laissé dans l’obscurité. Voilà que vous quittez subitement la maison de M. Sheldon pour aller vous installer dans celle de Mme Sheldon. Voilà qu’un mariage secret se célèbre, dans un