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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/210

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

moment où l’on m’avait donné à penser que l’une des parties contractantes était à la mort, et voilà Valentin présenté à M. Lenoble contrairement à la recommandation expresse que j’avais faite que mon futur beau-fils ne fût pas mis en rapport avec qui que ce soit appartenant à la famille Sheldon.

— Valentin n’est pas de la famille Sheldon, papa. Je ne pense même pas qu’il revoie jamais M. Sheldon.

— En vérité ! s’écria Paget, il se passe donc quelque chose de sérieux, alors ? »

Sur ce, il insista pour avoir une explication, et Diana lui raconta l’histoire des deux ou trois dernières semaines : la maladie toujours croissante de Charlotte, si mystérieuse et si incurable ; le retour subit de Barrow ; les craintes de Valentin ; l’opinion exprimée par le docteur Jedd, que la malade était la victime d’un crime ; l’exclusion systématique de Sheldon de la chambre de la malade, suivie immédiatement par des symptômes d’amélioration et amenant graduellement son rétablissement.

Le capitaine écouta tout cela avec effroi : la distance qui sépare l’attentat contre la vie humaine de tous les autres méfaits est si grand que celui qui n’a pas été jusque-là dans le crime, se regarde comme un saint, quand il songe au forfait de ce grand criminel.

« Grand Dieu ! est-ce possible ? s’écria le capitaine en frissonnant. Et j’ai touché la main de cet homme ! »

Assez tard dans la soirée, lorsque Diana l’eut quitté et qu’il eut repassé sérieusement sa carrière et les divers incidents de sa vie tant soit peu ténébreuse, il trouva quelque consolation dans cette pensée :

« Je n’ai jamais fait de mal à un ver de terre, murmura-t-il avec complaisance, non, la main sur mon