gne ; en somme, il n’y avait rien de mieux et de plus prudent qu’un prompt mariage qui permettrait à la malade de se rendre dans un climat plus doux, accompagnée et gardée par un protecteur naturel, un mari.
« Consentez, chère Charlotte, je vous en supplie, » écrivait Valentin dans un petit billet dans lequel il appuyait la demande de Mme Sheldon, « quelque étrange que vous paraisse notre désir. Croyez que c’est le meilleur parti à prendre pour vous et pour ceux qui vous aiment. Ne faites pas de questions et contentez-vous de dire oui. »
À la prière contenue dans cette lettre, aux instances de sa mère et de Diana, Charlotte céda ; elle s’étonnait que Sheldon l’évitât, et plus d’une fois elle avait demandé avec anxiété pourquoi elle ne le voyait pas.
« Papa serait-il malade, demandait-elle, qu’il ne vient jamais voir comment je suis ?
— Les docteurs ont interdit qu’il vînt beaucoup de personnes dans votre chambre, chère enfant.
— Oui, quand j’étais si mal ; mais maintenant que je suis mieux, papa pourrait venir.
— Ma chérie, soyez certaine que le mariage est pour le mieux, » insista Diana.
Le mariage eut lieu.
C’est ainsi que fut épargnée à son âme innocente une révélation qui aurait jeté une ombre funèbre sur l’aurore brillante de sa vie d’épouse.
Georgy s’engagea par serment à cacher ce secret fatal à sa fille, et Diana la récompensa de sa discrétion, en écoutant, avec une complaisante attention, ses lamentations sur l’iniquité des humains en général, et sur celle de Sheldon en particulier.