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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/211

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

cœur, je puis dire que je n’ai jamais fait de mal à un ver de terre. »

Le capitaine ne s’arrêta pas à réfléchir, que presque tout le mérite de cet aimable trait de caractère, pouvait être imputé à ce qu’il ne s’était jamais trouvé dans une position où il aurait eu une fortune à gagner à écraser un ver de terre ; il ne songeait qu’à l’histoire qui venait de lui être contée sur Sheldon, et il se dit que dans les moments les plus durs de sa vie, jamais son cerveau n’avait seulement conçu la pensée d’un forfait semblable à celui dont cet homme avait poursuivi l’accomplissement pendant près de trois mois.

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Pour Charlotte, l’été qui succéda à son mariage se passa très-paisiblement. On ne lui avait pas dit les motifs de ce mariage subit et secret qui l’avait unie à l’homme qu’elle aimait d’un amour si dévoué et si confiant : Valentin et Diana s’étaient entendus ensemble pour amener Mme Sheldon à agir selon leur volonté, et ce fut sur sa demande que Charlotte consentit à prendre l’étrange parti qu’on lui conseillait.

La fable imaginée pour justifier le singulier désir de Mme Sheldon était bien innocente. Les docteurs avaient ordonné un climat plus doux que l’Angleterre pour la chère convalescente, Madère, Alger, Malte, ou tout autre point aussi éloigné du globe ; il était impossible, pour M. et Mme Sheldon, d’entreprendre un aussi long voyage ; M. Sheldon étant retenu pieds et poings liés, dans la Cité, par ses affaires, et Mme Sheldon ne pouvant quitter son mari, Charlotte ne pouvait se rendre seule à Malte, avec sa fidèle Diana pour unique compa-