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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— Puis-je vous demander la raison qui a motivé ce secret gardé à son regard ?

— Non, monsieur Greenwood, c’est justement cette raison que je ne puis vous dire. Mais croyez-moi lorsque je vous assure que nous avons été déterminés par une raison toute-puissante.

— Je suis bien obligé de me contenter de votre déclaration, si vous vous refusez à vous fier à ma discrétion : mais comme M. Sheldon est mon client, je suis obligé de songer à ses intérêts aussi bien qu’à ceux de Mlle Halliday… de Mme Haukehurst. Je suis quelque peu surpris qu’il ne soit pas venu me voir depuis le mariage. Il en a eu connaissance, je présume.

— Oui, je lui ai écrit immédiatement après la cérémonie, en joignant à ma lettre une copie de l’acte de mariage.

— Le mariage apporte un changement considérable dans sa position.

— En quoi ?

— Mais, dans le cas du décès de sa belle-fille. Si elle était morte sans avoir été mariée et sans avoir testé, sa fortune serait allée à sa mère. En outre il y avait une assurance sur la vie de Mlle Halliday.

— Une assurance !

— Oui, n’aviez-vous pas connaissance de ce fait ? M. Sheldon, par une prudence bien naturelle, avait assuré la vie de sa belle-fille pour une somme considérable, en réalité, pour cinq mille livres, je crois, de sorte qu’en cas de décès avant qu’elle eût été envoyée en possession de la succession Haygarth, sa mère aurait reçu quelque compensation.

— Il avait assuré sa vie ! » dit Valentin à demi-voix.

Là était la clef du mystère. L’envoi en possession de