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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Il avait mis de côté l’Évangile et toute idée du compte terrible qu’il avait le désir et l’espoir de régler d’une façon satisfaisante, par un pauvre dividende qui le libérait envers ce miséricordieux créancier qui oublie si facilement tant de dettes légitimes.

Pour ce jour, il était tout au monde, c’était son dernier grand lever, et il se montra à la hauteur de la circonstance.

La petite table, élégamment servie, était placée près du sofa où était étendu le malade, soutenu par de nombreux oreillers.

Sa fille et Lenoble, Valentin, Charlotte et Georgy formaient le cercle autour de lui.

Son domestique et un imposant personnage envoyé par la maison Gunter servaient à table.

Personne ne fit grand honneur au festin, et chacun éprouva une sorte de soulagement quand le maître d’hôtel et le factotum du capitaine se furent retirés, après avoir servi le café avec une solennité funèbre.

Valentin était plein d’attentions et de cordialité pour son ancien patron : il aurait fallu des griefs bien grands pour qu’il y songeât à une pareille heure. Valentin ne se rappelait qu’une chose, c’est qu’il avait vu cet homme dans des temps bien difficiles et que, pour lui, le voyage sur cette terre était bien près de son terme.

Le petit banquet n’avait pas été servi dans le salon du capitaine ! Pour cette occasion mémorable, la propriétaire de la maison avait mis à sa disposition la salle à manger et le salon du rez-de-chaussée, dépendant de l’appartement d’un locataire qui avait quitté Londres à la fin de la saison. Le salon, comme la chambre de l’étage supérieur, donnait sur le parc et le capitaine pria