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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/235

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

ses hôtes, à l’exception de Valentin, de passer dans cette pièce, peu de temps après la retraite des domestiques.

« J’ai une petite conversation particulière à avoir avec Valentin, dit-il. J’ai un secret à lui communiquer. Diana, montrez à Mme Haukehurst les équipages. Vous pourrez voir la grande avenue de ma chambre, ce qui n’est pas possible des fenêtres de cet étage. Il y a encore de beaux équipages, mais il est maintenant trop tard pour la crème de la crème. Je me rappelle un temps où le West End était un désert à cette époque de l’année, mais j’ai assez vécu pour voir le nivellement de toutes les distinctions, aussi bien dans les saisons que dans les classes de la société. »

Charlotte et Diana se retirèrent avec Mme Sheldon et Lenoble dans la pièce voisine.

Valentin était fort en peine d’imaginer quelle communication avait à lui faire son ancien patron.

Le prudent Horatio attendit que ses hôtes ne fussent plus à portée d’entendre et qu’ils causassent gaiement près de la fenêtre ouverte au-delà de laquelle tout était vie et mouvement, où la brise agitait le vert feuillage des arbres sous l’éclat du ciel bleu. Quand il les considéra comme tout à leur conversation, le capitaine se tourna du côté de Valentin.

« Valentin, dit-il, nous avons vu ensemble des temps bien durs, nous les avons passés sur la terre étrangère, au milieu d’étrangers, et je pense que des liens d’amitié se sont établis entre nous. »

Il tendit sa pauvre main affaiblie que Valentin s’empressa de serrer avec une franche cordialité.

« Cher maître, mon cœur n’a pour vous que des sentiments affectueux. »

C’était parfaitement vrai.