Aller au contenu

Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

consenti à m’accorder le privilège de prendre un certain nombre de lettres à mon choix, dans les lettres de Mlle Rebecca Haygarth. J’ai tout lieu de croire que j’ai fait un choix judicieux, car les renseignements, ainsi obtenus, m’ont mis sur une piste qui, habilement suivie, m’a conduit à un résultat triomphant.

— Je ne comprends pas… » commençait à dire Valentin.

Mais le capitaine ne lui laissa pas le temps d’en dire davantage.

« Vous ne comprenez pas qu’il pouvait exister une autre ligne généalogique que celle que vous et George avez si nettement établie. Ni l’un ni l’autre, vous n’avez cette expérience du monde qui, seule, donne une grande portée à la vue. Vous avez découvert la parenté existant entre les familles Haygarth et Meynell. Cette découverte en elle-même était un triomphe. Vous vous êtes laissé griser par la joie de ce triomphe. Dans une affaire qui de toutes les affaires sur lesquelles s’exerce l’intelligence de l’homme, exige le plus de calme et de réflexion, vous vous êtes mis à l’œuvre avec une précipitation fébrile. Au lieu de rechercher tous les descendants de Christian Meynell, vous vous êtes arrêtés au premier qui vous est tombé sous la main, et vous l’avez déclaré, de votre autorité privée, le seul héritier de la fortune laissée par feu John Haygarth. Vous avez oublié qu’il pouvait y avoir d’autres descendants dudit Christian Meynell, des descendants primant votre femme Charlotte dans la ligne de succession.

— Je ne puis m’imaginer qu’il existe d’autres descendants, dit Valentin d’un air étonné. Vous paraissez connaître parfaitement notre affaire, mais il y a un point sur lequel vous vous trompez. George Sheldon et