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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/239

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Valentin, dit le capitaine avec une adorable mansuétude. J’avais autant de droit de traiter quelque affaire imaginaire à Ullerton, que vous d’aller voir une tante de pure invention à Dorking. L’intérêt personnel nous guidait tous les deux. Je ne crois pas que vous ayez le droit de vous trouver offensé, si je vous ai caché mes mouvements et si je me suis tenu derrière vos talons pendant que vous traitiez cette affaire d’Ullerton. Je ne crois pas que vous ayez, moralement, un juste sujet de vous plaindre de votre vieil allié.

— Eh bien, il est possible qu’en cela vous ayez assez raison, dit Valentin.

— Serrons-nous la main, alors. Je n’ai plus longtemps à vivre, et j’éprouve le besoin de me sentir en paix avec le genre humain. Voyez-vous, si, de prime abord, vous étiez venu à moi franchement et généreusement, et si vous m’aviez dit : Mon cher ami, j’ai en main une bonne affaire, occupons-nous-en ensemble et voyons quel parti on en peut tirer ; vous vous seriez mis sur un pied avec moi, où, comme homme d’honneur, je me serais regardé comme obligé de considérer vos intérêts comme étant les miens. Mais vous vous êtes séparé de moi ; vous avez essayé de me jeter de la poussière dans les yeux, de m’empêcher d’y voir clair, moi le capitaine Horatio Paget. Doué d’un certain génie pour la diplomatie, vous avez essayé d’accomplir ce qu’aucun homme n’est parvenu à faire, et vous m’avez délié de toutes les obligations qui sont sacrées pour un homme honorable. C’était, en effet, mon gant que vous avez vu dans le cabinet de M. Goodge. J’ai eu un entretien satisfaisant avec ce révérend personnage, pendant la courte excursion qui vous a éloigné d’Ullerton, je ne sais encore dans quel but. À certaines conditions, M. Goodge a