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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/242

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— Cela signifie que, lorsque Susan fut abandonnée par le misérable qui l’avait enlevée, elle trouva un honnête garçon qui l’épousa. Le nom de son mari était Lenoble ; Gustave Lenoble, le mari de ma fille, est le fils unique issu de ce mariage. Un mariage parfaitement légal, mon cher Valentin. Tout est en règle, je vous le garantis. L’affaire est entre les mains de messieurs Dashwood et Vernon, de Whitehall, une étude de premier ordre. L’opinion de ces messieurs est décisive quant à la position de Gustave Lenoble. Ils ont été un peu lents à entamer l’affaire, et, entre nous, je ne les ai pas pressés, attendu que je voulais que le mariage de ma fille s’accomplît tranquillement avant de commencer notre instance devant la Cour de la Chancellerie. C’est un peu dur pour vous, mon cher Valentin, je l’avoue ; mais, voyez-vous, si dans le principe vous aviez agi généreusement avec moi, pour ne pas dire honorablement, vous eussiez profité de mon expérience. Dans l’état des choses, vous avez travaillé dans les ténèbres. Néanmoins, les choses n’ont pas tourné aussi mal qu’elles auraient pu le faire. Vous auriez pu épouser quelque laide et vieille fille, pour les beaux yeux de la succession Haygarth ; vous avez eu en partage une jolie et aimable femme, et vous ne devez pas vous considérer comme complétement battu, bien que, sous le rapport financier, vous ayez fait une très-mauvaise campagne. »

Le capitaine ne put retenir un éclat de rire en contemplant la surprise de son jeune ami : ce rire dégénéra en un accès de toux et il se passa un assez long temps avant que le débile Horatio eût retrouvé la force de reprendre la conversation.

Pendant ce moment de répit, Valentin eut le temps